Radié de la liste électorale, Tidjane Thiam dénonce une manœuvre politique et maintient sa candidature

La scène politique ivoirienne est secouée par une décision judiciaire qui pourrait remodeler le paysage électoral à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), a été retiré de la liste électorale provisoire par une décision du tribunal de première instance d’Abidjan, provoquant une vive réaction de l’opposant.

Le tribunal a justifié cette radiation par une supposée perte de nationalité ivoirienne de l’ancien dirigeant du Crédit Suisse au moment de son inscription. Une interprétation du Code électoral que ses avocats contestent avec fermeté.

Dans une déclaration prononcée mardi soir, Thiam a vivement critiqué la décision, qu’il qualifie de tentative d’éliminer arbitrairement un adversaire politique redouté. « Par ce raisonnement injuste et insensé, le pouvoir tente de barrer la route à ma candidature », a-t-il déclaré, dénonçant un coup porté à la démocratie.

Une controverse persistante autour de la nationalité

L’éligibilité de Tidjane Thiam est depuis longtemps sujette à polémique. Des soutiens du régime en place ont fait valoir qu’au moment de son enrôlement, il détenait la double nationalité, s’appuyant sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne pour remettre en question sa présence sur la liste électorale.

Selon le principal intéressé, ces attaques relèvent d’une stratégie bien orchestrée. Il affirme que des militants du parti au pouvoir ont initié la procédure judiciaire, représentés par des avocats proches du régime. « Tout s’est déroulé devant des juges eux-mêmes nommés par le pouvoir », a-t-il martelé.

Une détermination intacte

Loin de se laisser abattre, Thiam assure qu’il reste dans la course. « Je ne reconnais pas cette radiation et je mènerai le combat pour défendre le droit des Ivoiriens à choisir librement leur président », a-t-il insisté. Il a également appelé la communauté internationale à surveiller de près l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire.

Le PDCI-RDA, quant à lui, a réaffirmé son soutien indéfectible à son candidat. Thiam a rappelé avoir été désigné avec un soutien massif lors de la dernière convention du parti, rejetant tout scénario alternatif : « Il n’y aura ni plan B, ni plan C. »

Un climat politique sous tension

La radiation de Tidjane Thiam s’inscrit dans un contexte plus large de restriction de la participation de l’opposition à la présidentielle. D’autres figures politiques comme Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro ont également été écartées du processus électoral en raison de condamnations judiciaires assorties de peines d’inéligibilité.

À seulement six mois du scrutin, ces exclusions renforcent les doutes sur l’équité du processus. Les principaux partis d’opposition — PDCI-RDA, FPI et PPA-CI — ont décidé de suspendre leur participation aux travaux de la Commission électorale indépendante, dénonçant une institution à la solde du pouvoir et un fichier électoral entaché d’irrégularités.

Ils réclament une réforme en profondeur de la CEI et des garanties pour des élections libres, inclusives et crédibles.

Mordocaï Le BALAISE

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