Kalabancoro: Une famille braquée en plein couvre-feu. Des indices pointent du doigt les porteurs d’uniformes
Quatre individus armés n’ont pas hésité à braquer leurs victimes assises devant la porte de leur propre domicile. Ils se sont ensuite enfuis avec leurs butins devant des témoins éberlués
À Kalabancoro-Koulouba, à la périphérie du District de Bamako, les membres de la famille de X, un porteur d’uniforme de surcroît, n’oublieront pas de si tôt cette nuit de mercredi. Une nuit durant la quelle, la maisonnée a été victime d’un braquage à main armée audacieusement exécutée par une bande de quatre jeunes malfrats. Cela malgré le dispositif de sécurité ordinaire mis en place par les autorités compétentes et le couvre-feu en vigueur depuis plusieurs semaines. Apparemment, rien de ces deux remparts ne semblait à même de dissuader les bandits de grand chemin dans la commission de leurs forfaits. S’il faut croire certaines sources, cette situation est surtout favorisée par la prolifération des armes de tout calibre à travers la ville de Bamako et ses environs. Le grand banditisme reste une triste réalité dans la Cité des Trois caïmans et sa banlieue. Et certaines scènes, tel le cas présent, dépassent tout entendement, comme dans un véritable film.
Pour y voir clair dans cette histoire, nous avons approché le patriarche de la famille victime. C’est un vieil homme encore sous l’émotion qui nous a reçu pour raconter les faits suivants. C’était dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Un groupe de jeunes (dont ses propres enfants) était tranquillement assis devant le domicile familial. Canicule et couvre-feu obligent. Les jeunes sont restés autour du thé jusqu’aux environs de 2 heures du matin.
Le grin s’animait et ces jeunes veillaient également sur quelques têtes de bœufs que la famille possède et qui passent la nuit non loin, à la belle étoile. Généralement, ce genre de regroupement de jeunes a un but récréatif. Mais dans le cas présent, il s’agissait surtout de veiller sur les bêtes de la famille. Cette nuit-là, l’animation était garantie. Ce qui fait que le temps passait sans que les membres du groupe ne s’en aperçoivent. Malheureusement cette atmosphère de gaieté commune sera interrompue par un événement inattendu.
à un moment donné, ces jeunes ont aperçu au loin la lumière des phares de deux motos Djakarta qui se dirigeaient vers eux. Et deux gaillards avaient pris place sur chacun des deux engins. Ces quatre gars étaient tous armés de Pistolets Mitrailleurs (PM). Une fois arrivés à côté du groupe de jeunes qui prenaient du thé, les inconnus ont garé leurs engins. Puis ils ont sorti leurs armes et, sans broder autour, ils pointèrent leurs armes vers les jeunes du Grin. Aussi tôt, un calme de cimetière s’abat sur le groupe.
Et les quatre inconnus demandèrent à tous de se mettre à plat ventre. Sans broncher, les jeunes gens se sont exécutés, totalement confus et éberlués. Mais avant, selon notre source, les braqueurs se seraient d’abord présentés à leurs victimes comme étant des policiers. « Nous sommes de la police », auraient-ils lancé avant de les obliger à se mettre à plat ventre. Puis, sous la menace des PM, ils commencèrent à les fouiller pour les déposséder de leurs téléphones portables. Visiblement l’opération des bandits était très bien planifiée. Ils ont dépossédé tous les membres du grin de leurs téléphones portables.
Mais entre-temps, un habitant du proche voisinage trouva un moyen d’avertir le vieil homme qui nous a relaté les faits. Celui-ci souhaitait qu’ils soient publiés dans votre quotidien national. Tout comme cet habitant qui l’a informé, notre source a également été un témoin oculaire de la scène. à la vue des bandits armés en train de mettre tout un groupe de jeunes à plat ventre sous la menace de leurs armes, le vieil homme était totalement dépassé. D’abord il a cru à un mauvais rêve durant quelques secondes. Et, lorsqu’il s’est remis de ses émotions subites, il a crié de toutes ses forces pour alerter le voisinage. « Au voleur, au voleur… », le calme de la nuit aidant, les cris du lanceur d’alerte étaient audibles à plusieurs dizaines de mètres des lieux où les faits se sont produits.
Apparemment, avec cette période de canicule, les cris du vieux ont eu des échos auprès de certains couche-tard qui se trouvaient encore dans la rue. Dans la foulée, les curieux commençaient à se diriger vers les lieux. Précipitamment, et de façon hâtive, les bandits ont mis fin à leur opération avec un tir de sommation vers le sol. Puis ils se sont enfuis devant des témoins complètement tétanisés. Ce tir de sommation a malheureusement fait un blessé parmi les membres du petit groupe victime. Le malheureux a pris une balle au pied. Il a été d’urgence transporté vers le centre de santé le plus proche pour y recevoir des soins. Les bandits, quant à eux, sont restés non seulement introuvables, mais aussi ils n’ont pu être identifiés.
Notre interlocuteur est ferme sur un point. Selon lui, cette opération a été rondement menée par des professionnels. En tout cas des gens habitués sans doute au maniement des armes. Cependant, regrette-t-il, les braqueurs se sont enfuis avec tous les téléphones portables de leurs victimes. Encore une fois, cette histoire remet sur la table l’épineuse question de la libre circulation des armes à feu dans la capitale et ses environs.
Tamba CAMARA/L’ESSOR
Le titre est de la rédaction